Il récupère sa maison squattée par des Roms grâce à des jeunes de la cité voisine

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Surréaliste, c’est le moins que l’on puisse dire pour qualifier la situation initiale. Âgé de 76 ans, Youcef possède une maison à Garges-lès-Gonesse, dans l’arrondissement de Sarcelles, qu’il n’occupe plus depuis des années. Un jour de décembre 2017, il est contacté par la police, et découvre avec stupeur que sa maison est habitée par des Roms, installés illégalement. Livré à lui-même, personne ne lui est venu en aide. Personne d’autre que des jeunes de sa cité, qui ont fait preuve d’un élan de solidarité exemplaire.

Lorsque Youcef a tenté de récupérer sa maison en premier lieu, il s’est heurté à un refus catégorique des nouveaux occupants, qui se sont servis de reçus de pizzas livrées à l’adresse de Youcef comme autant de preuves que le logement était en réalité le leur. Désorienté, le vieil homme s’est adressé à la police qui a affirmé ne pas pouvoir intervenir puisque le domicile était occupé depuis déjà plus de quarante-huit heures. Légalement, ils ne pouvaient donc plus rien faire.

Son assurance lui a annoncé qu’elle ne pouvait le rembourser car le squattage n’était pas couvert. Des objets brisés, volés, de valeur parfois qui ne seront jamais ni réparés, ni retrouvés, ni remplacés. Installés depuis fin novembre, les Roms, a priori au nombre de seize, ont installé des matelas un peu partout, changé des serrures et cadenassé des portes, s’appropriant les lieux et s’imposant comme indélogeables par aucune autorité compétente, profitant de leur nombre et des failles de la loi, au grand dam de Youcef, à ce moment sans le moindre recours.


Contre toute attente, c’est l’empathie et la solidarité de jeunes de la cité voisine, qu’il ne connaissait pas le moins du monde, qui lui ont permis de retrouver sa demeure. Entendant l’appel de Youcef, un certain Bassem Braiki a organisé une intervention réunissant d’autres jeunes sur les réseaux sociaux. Utilisant l’intimidation, mais sans recourir à la violence physique, ces quarante personnes mobilisées, armées et accompagnées de chiens sont parvenues à faire ce qu’aucun pouvoir n’a su accomplir : déloger les squatteurs. Depuis, ces jeunes sécurisent la maison, s’assurant que celle-ci ne retombe pas de nouveau entre d’autres mains. Ils prétendent en effet avoir vu passer des camionnettes qui transporteraient des renforts des désormais ex-squatteurs. Les serrures sont actuellement en train d’être changées, tandis que Youcef réintègre les lieux, protégé par ses nouveaux comparses. Une alarme sera très prochainement installée, une fois un devis établi.

Ces jeunes ont enfreint la loi en agissant de la sorte, et ils le savent. Mais ils soutiennent qu’ils l’ont fait pour une cause juste, qui n’aurait pu être aucunement réglée d’une autre manière, ce que déplore Youcef, néanmoins touché, ému d’avoir été ainsi aidé par des personnes qu’il ne connaissait pas.

« Ce qui m’a choqué le plus c’est qu’aucune autorité que j’ai sollicitée ne m’a aidé : ni la mairie, ni la police, ni les impôts »

Quand les pouvoirs en vigueur ne sont plus en mesure de rétablir l’ordre et la justice, est-il légitime de violer une loi floue et impuissante pour récupérer ce qui nous appartient ? Doit-on ignorer la loi pour faire ce que l’on estime juste ? L’action de ces personnes venues en aide à Youcef, et qui continuent de l’assister aujourd’hui, ne peut que nous pousser à nous interroger.


Source : Le Parisien

Au sujet de l'auteur : Hugo Nikolov

Journaliste