Pour pallier les « injustices sociales », l'école deviendra obligatoire dès 3 ans et non plus 6 ans

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L'école à 3 ans ne sera plus facultative désormais. Dès 2019, l'instruction deviendra obligatoire à partir de 3 ans contre 6 ans jusqu'à maintenant. Une démarche qui se veut en adéquation avec une justice sociale et qui entend entamer un véritable processus d'égalité des chances ainsi que faire reconnaître la maternelle comme un lieu d'éveil et d'apprentissage et non plus comme une garderie.

Crédit image : shutterstock.com / Poznyakov

« L’école maternelle est et sera davantage à l’avenir un moment fondateur de notre parcours scolaire français. À ce titre, j’ai en effet décidé de rendre obligatoire l’école maternelle et d’abaisser de six à trois ans en France l’obligation d’instruction dès la rentrée 2019 » a déclaré le chef de l'Etat.

26 000 élèves seront concernés. En effet, selon le département de statistiques du ministère de l'Éducation, à ce jour, 97% des enfants sont inscrits à la maternelle, qui n'était jusqu'alors, pas obligatoire. Seule l'entrée au CP l'était. Emmanuel Macron doit faire l'annonce officielle dans la journée pendant l'inauguration des Assises de l'école maternelle.

« La décision d'abaisser l'âge de l'instruction obligatoire à trois ans traduit la volonté du président de la République de faire de l'école le lieu de l'égalité réelle et une reconnaissance de l'école maternelle, qui ne doit plus être considérée comme un mode de garde universel ou comme la simple préparation à l'école élémentaire » a indiqué l'Élysée.

« On obtiendra plus d'égalité en mettant les enfants le plus tôt possible à l'école »

Le but de cette mesure est clair. Permettre à tous les enfants d'avoir les clés pour partir avec les mêmes chances et d'être donc, sur un pied d'égalité. Alain Bentolila, linguiste qui participera aux Assises, a indiqué au Figaro que pour si l'on ne souhaite pas que « le sort des enfants ne soit pas scellé à 6 ans, il faut remettre la maternelle au cœur de l'Éducation nationale. On obtiendra plus d'égalité en mettant les enfants le plus tôt possible à l'école ».

De son côté, Françoise Popineau, secrétaire générale du syndicat d'enseignants Snuipp-FSU, confie au Figaro, qu'elle déplore que « certaines familles ont du mal à se séparer de leurs enfants jeunes. C'est ennuyeux, surtout pour les enfants dont les familles sont éloignées de la culture scolaire. »

Le vocabulaire, moteur de cette mesure

Plus tôt, un enfant se confronte à la langue française et mieux il appréhendera son apprentissage. C'est pourquoi, l'abaissement de l'âge de l'instruction obligatoire a été décidé. Et Alain Bentolila a son avis sur le sujet : « La question, ce n'est pas le préapprentissage de la lecture mais bien celle du vocabulaire alors qu'un nombre important d'enfants arrive aux portes de l'école primaire avec un langage incompatible avec une entrée réussie dans le monde de l'écrit. »

« On a des enfants qui ne maîtrisent pas la langue. S'ils ont la chance de pouvoir la pratiquer à partir de 3 ans plutôt que de rester chez eux parfois dans un environnement où personne ne pratique la langue, c'est quand même une chance » a expliqué Samuel Cywie, de la Peep, une fédération des parents d'élèves, au micro de BFMTV.

Et pour que cette mesure s'avère utile, un autre point d'alerte est soulevé. Celui du nombre d'enseignants. En effet, pour que les élèves puissent se concentrer au maximum et créer un lien de confiance, il est d'usage qu'un enseignant ne se retrouve pas avec 25 élèves de 3 ans. Pour Boris Cyrulnik, qui s'est exprimé au micro de RMC, « ce serait le rêve de doubler le nombre de postes, parce qu'on établit plus facilement des relations affectives quand on a 13-14 enfants à gouverner et à sécuriser, que quand on en a 30. C'est probablement trop même si dans certains pays comme en Chine, peu d'enseignants ont beaucoup d'enfants et ils ont des résultats excellents. »

Source : AFP

Au sujet de l'auteur : Pauline Masotta

Journaliste