Les conditions d'accueil des migrants viennent d'être définies conjointement par tous les dirigeants de l'Union Européenne

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Les flux migratoires actuels constituent une problématique capitale pour l’Union Européenne. Entre le franc rejet des migrants d’une part, et la volonté d’accueil de ces derniers d’autre part, les opinions divergent et créent parfois de grandes dissensions au sein des États, voire au sein de l’UE. Le récent cas des migrants bloqués sur le Lifeline a notamment mis en lumière les conditions de voyage compliquées de ces personnes qui traversent la mer à l’aide de passeurs, et se retrouvent ensuite immobilisées dans les eaux territoriales maltaises à cause du refus initial de les laisser accoster, l’immigration illégale, massive à Malte, étant au centre des préoccupations.

Alors que six pays européens, dont la France, ont accepté cette semaine de se répartir les migrants du Lifeline et de les accueillir, les conditions d’accueil ont plus que jamais eu besoin d’être définies, notamment en vue d’assurer une cohérence, une cohésion entre les 28 États membres de l’Union Européenne, afin de contrôler ces flux, de les réguler à l’échelle globale. Réunis en sommet à Bruxelles au cours de neuf heures de négociations, tous les dirigeants de l’UE sont enfin parvenus à aboutir, sur le papier, à un accord commun ce vendredi 29 juin 2018.

Image d'illustration du drapeau de l'Union Européenne. Crédit photo : artjaz / Shutterstock
L’affaire du Lifeline, entre autres, aura permis à l’ensemble de l’Union Européenne de tirer des leçons concernant le trafic des bateaux comptant des migrants à leur bord. Emmanuel Macron avait lui-même été désabusé par les agissements de l’ONG allemande Lifeline, et sa façon de traiter les migrants traversant les eaux pour tenter de se rendre dans les destinations tant convoitées.

Les neuf heures de négociations nocturnes entre les 28 membres de l’UE s’étant terminées vers 4h30 du matin à Bruxelles ce vendredi 29 juin 2018 ont ainsi débouché sur une volonté de création de centres « contrôlés » sur le sol européen, pensés pour réguler les trafics de bateaux transportant des migrants, pouvoir leur porter secours en cas de nécessité, et permettre de faire la distinction entre les clandestins devant être reconduits chez eux, et ceux en situation légale, amenés à être répartis entre les États membres qui accepteront de les accueillir.

Emmanuel Macron, en compagnie du président du Conseil Européen, Donald Tusk, et de Pedro Sanchez, le Premier ministre d'Espagne, jeudi 28 juin 2018, à l'occasion du sommet de Bruxelles. / DURSUN AYDEMIR / ANADOLU AGENCY / AFP
Il est également primordial d’établir ce genre de lieux pour endiguer les déplacements migratoires, qualifiés de « mouvements secondaires », entre les différents États de l’UE. Le Monde souligne toutefois que cette question n’a pas instantanément mis d’accord l’ensemble des membres, ce qui n’est en soi pas surprenant, qu’elle a entraîné des heures de discussions, et surtout que ni la France ni l’Italie ne se sont portées volontaires pour créer de tels centres sur leurs sols respectifs.

La mise en application de ces centres, cruciaux, sera donc un enjeu majeur à surveiller dans les mois et années à venir, élément clé de l’accord établi, porté sur le volontariat. Marine Le Pen n’a pas manqué de rebondir à ce sujet, en chargeant de fait le président Emmanuel Macron, qui sera désormais selon elle « exclusivement responsable de l’immigration de masse en France » :

Ce volontariat est au cœur d’un projet de réforme de la convention de Dublin qui doit garantir une répartition équitable des migrants entre les membres de l’Union Européenne ; ne pas en surcharger certains comparativement à d’autres qui ne choisiraient d’accueillir que peu, voire pas, de migrants. Des « plates-formes de désembarquement » supposées être mises en place en Afrique du Nord, et dédiées a priori à la reconduite hors de l’UE ont également été abordées, en même temps que la nécessité de renforcer les frontières extérieures des pays européens.

Image d'illustration de migrants, à bord d'un bateau clandestin s'apprêtant à débarquer à Lampedusa, en Italie, en 2011. Crédit photo : photofilippo66 / Shutterstock
Mais entre la création de tels « centres contrôlés » sur la base du volontariat, l’établissement de « plateformes de désembarquement », pour le moment rejetée par les pays hors de l’UE, et surtout l’accueil de migrants selon le bon vouloir des États membres, tout reste concrètement à faire. Le volontariat au cœur de toutes les mesures fixées par cet accord pourrait clairement constituer une entrave à leur mise en œuvre effective… et amoindrir sérieusement leur efficacité. En espérant que le « fruit [de ce] travail commun », pour reprendre les termes d’Emmanuel Macron, censé rendre l’UE plus solidaire et plus opérationnelle collectivement quant à la question des migrants, finira par payer.

D’avance, l’Italie se félicite, par le biais de son chef du gouvernement, Giuseppe Conte, de ne plus « être seule », dans la mesure où à présent, la question de la migration en Italie sera également la question de l’Union Européenne entière… et de son volontariat. 

Source : Le Monde

Au sujet de l'auteur : Hugo Nikolov

Journaliste