Pourquoi les militaires ont reçu l'ordre de ne pas intervenir lors de l'attentat du Bataclan ? Les victimes veulent des réponses et portent plainte contre X

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Alors que Netflix diffuse en ce moment une série-documentaire de trois épisodes sur les événements terroristes du 13 novembre, Fluctuat Nec Mergitur, quelques voix s'élèvent, enchaînées à la douleur, demandant réparation. 17 victimes de l'attentat du Bataclan portent plainte conte X pour « non-assistance à personne en péril ».

Crédit image : shutterstock.com / Frederic Legrand - COMEO

Le souvenir amer d'une soirée noyé dans un bain de sang, étouffé dans une peur atroce ne semble pas prêt à s'estomper, si s'estomper est envisageable. Et reprendre le cours de sa vie est d'autant plus épineux lorsque les réponses peinent à surgir. L'absence d'intervention de la part des militaires interroge et véhicule un sentiment atrabile chez les victimes et familles des victimes de l'attentat terroriste qui a causé la mort de 130 personnes, dont 90 au Bataclan. Deux ans et demi après, ils portent plainte.

« Deux ans et demi après les attentats, les familles de victimes ne comprennent toujours pas pourquoi on a empêché, sur ordre, huit militaires de l'opération Sentinelle présents devant le Bataclan d'intervenir. Nous voulons une réponse précise » a déclaré Samia Maktouf, l'une des avocates des victimes, à l'AFP. Et de déplorer la perte humaine : « On n'aurait peut-être pas empêché la mort de 90 personnes mais au moins évité des hémorragies qui ont donné la mort ».

Ordre de ne pas intervenir

Afin d'y voir plus clair, la Commission d'enquête parlementaire avait alors auditionné le commissaire Jean-Luc Taltavull, secrétaire adjoint du Syndicat des commissaires de Police nationale. Il avait alors expliqué que « le 13 novembre, des soldats de la force Sentinelle se trouvaient à proximité du Bataclan : un gradé de la BAC, parvenu à l'issue de secours, leur a demandé d'intervenir, ce à quoi ils ont répondu qu'ils n'avaient pas reçu d'ordres en ce sens ; il va de soi qu'ils n'ont pas non plus prêté leur arme, un Famas [Fusil d'assaut automatique, N.D.L.R], aux policiers ».

La réponse de Bruno Le Ray, gouverneur militaire de Paris ? Selon les avocats qui se sont exprimés dans un communiqué, « aussi froide et violente qu'inacceptable : 'il est impensable de mettre des soldats en danger dans l'espoir hypothétique de sauver d'autres personnes' ». Pour Samia Maktouf qui s'est exprimé auprès de Franceinfo, « ce ne sont pas les responsables qui comptent, les ministres ou les donneurs d'ordre, ce qui est important c'est une question de principe » et de préciser que « le temps n'atténue pas le questionnement qui taraude mes clients ».

Source : AFP

Au sujet de l'auteur : Pauline Masotta

Journaliste