La rentabilité plus que le bien-être dans les EHPAD  : l'horrible constat d'un reportage d' « Envoyé Spécial »

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La maltraitance de nos aïeux dans les maisons de retraite fait l’objet, depuis plusieurs mois, de nombreuses plaintes. Ce soir, dans un reportage saisissant sur les EHPAD, ces établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, les journalistes de l’émission « Envoyé spécial » ont tenté d’en savoir plus sur ces maisons de retraite privées.

Le manque de personnel est un véritable un manque pour les perosnnes âgées. Crédits : Shutterstock/Fabrizio Misson

Souvent indispensables pour nos parents, malgré leur coût important, les maisons de retraite privées ne sont pas toutes des endroits de confort comme on pourrait penser. Derrière la façade de ces bâtiments se cache une bien triste réalité que les équipes d’Élise Lucet ont tenté de dévoiler.

Monnayant une somme entre 3 000 et 10 000 euros par mois, ces grandes enseignes d’hébergements adaptés, appartenant généralement à des grands groupes privés (DomusVi, Les Opalines, Korian, Opéra), sont-elles à la hauteur de leurs engagements  ?

Dès les premières minutes du reportage, le témoignage saisissant de Dominique, qui avait placé sa mère dans un de ces EHPAD privés, dresse un tableau bien plus sinistre que leurs publicités colorées.

« Quand on laisse une personne dans des draps souillés, quand on laisse des couches souillées dans la salle de bain, (…) moi, j’appelle ça de la maltraitance, parce que la dignité de la personne est atteinte. » déclare Dominique, dénonçant les conditions horribles dont sa mère, décédée, a été sujette avant sa mort. Dominique déboursait plus de 3 000 euros pour que sa mère puisse vivre dans un hébergement adapté à son âge.

Des maisons de retraite pour le profit

Aujourd’hui, on compte près de 2 000 maisons de ce type en France et un grand nombre d’entre elles enregistrent des chiffres financiers records. De nombreuses familles connaissent les mêmes problèmes que Dominique. Le manque de personnel, des médecins fantômes et l’abandon des pensionnaires à leur triste sort, telle est la réalité dans ces établissements. Pourtant, les factures restent salées. Selon les journalistes, ces maisons de retraite privilégient le profit au bien-être de ses habitants.

Nos ainés sont souvent laissés pendant plusieurs heures. Crédits : Shutterstock/Kzenon

Alors qu’il a été impossible, pour les journalistes, de rentrer dans ces lieux, le magazine a réussi à se procurer des images effroyables d’un proche d’une pensionnaire, filmée entre 2015 et 2016. Les images parlent d’elles-mêmes  : des personnes âgées laissées devant leur repas et incapables de manger seules, un homme gisant sur le sol à côté de son fauteuil dont personne ne vient le relever. Et la liste est encore longue.

De plus, l’enquête révèle qu’un rationnement de la nourriture et des couches (trois pour la journée) est mis en place dans certains de ces établissements. S’ajoutant à ça, des soins bâclés et un manque de personnel édifiant, font de certaines maisons un enfer pour ses habitants. Par exmple : dans certains EHPAD du Val de Saône, le délai d'attente pour prendre une douche pouvait s'élever à six semaines.

63 % d’interventions du Samu en plus en 5 ans

Hormis les pensionnaires et leur entourage, les urgentistes du SAMU constatent ces dérives. « Aujourd’hui, on a des personnes qui décèdent par défaut de soin ou par retard de prise en charge » affirme Christophe Prudhomme, un médecin urgentiste. En cinq ans, les interventions du Samu dans ces centres d’hébergement privés, ont bondi de 63 % en Seine-Saint-Denis.

S’exprimant face caméra, il affirme que ces EHPAD, pour réaliser des économies, « utilisent le service public de manière substitutive pour ne pas payer d’infirmiers et de médecins ». Pour lui, ces établissements privés ont  « une absence de stabilité du personnel, une sous-médicalisation catastrophique, dans un environnement parfois clinquant ».

L’enquête des équipes d’ Élise Lucet est diffusée ce soir dans « Envoyé spécial » sur France 2.

Source : France 2

Au sujet de l'auteur : Aurélien R.

Journaliste