Un chercheur chinois annonce avoir mis au monde deux jumelles génétiquement modifiées, la communauté scientifique tremble

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Info ou intox ? Un chercheur chinois annonce avoir mis au monde deux jumelles génétiquement modifiées.

Quand la réalité dépasse la fiction. Il y a eu le premier bébé éprouvette, né en 1978, il y aura désormais les premiers bébés… génétiquement modifiés. Non, vous ne rêvez pas et il ne s’agit pas du scénario d’un nouveau blockbuster hollywoodien d’anticipation.

Un chercheur chinois a en effet annoncé avoir donné naissance à des jumelles en ayant modifié au préalable leur ADN, afin de les rendre résistantes au virus du Sida. Si l’information venait à être confirmée, il s’agirait d’une première mondiale !

La Chine annonce avoir mis au monde deux jumelles génétiquement modifiées, la communauté scientifique tremble. Crédit photo : Capture d'écran Internet

On savait ce type d’expérimentations possibles, mais personne n’avait encore osé franchir le pas en raison des débats bioéthiques qu’une telle avancée suscite. Cette nouvelle bouleverse la communauté scientifique qui n’a de cesse de se diviser sur le sujet.

« Une expérimentation humaine »

He Jiankui, l’homme à l’origine de cette prouesse, est un scientifique chinois travaillant pour l'Université de Shenzhen. Ce dernier affirme ainsi avoir donné naissance à deux jumelles génétiquement modifiées, prénommées Lulu et Nana, durant le mois de novembre, comme le rapporte l’agence américaine Associated Press.

He Jiankui, l’homme qui serait à l’origine de cette prouesse. Crédit photo : Capture d'écran Internet

Une information à prendre toutefois au conditionnel selon certains scientifiques sceptiques tandis que d’autres dénoncent déjà cette pratique, la considérant comme risquée car elle s’apparente à une « expérimentation humaine ».

Dans une vidéo publiée par l'AP, le scientifique détaille le protocole et explique avoir ainsi modifié les embryons de 7 couples, qui subissaient alors un traitement destiné à favoriser leur fertilité. Parmi ces 7 couples, dont les hommes étaient séropositifs, seule une grossesse a été constatée. Le but de cette expérimentation n’est pas de guérir ou de prévenir les maladies héréditaires, mais plutôt d’essayer de donner aux futurs bébés la capacité de résister à une éventuelle infection par le VIH, affirme le scientifique, lequel précise par ailleurs qu’il ne divulguera pas l’identité du couple « cobaye », souhaitant rester anonyme.

« Je me sens investi d’une grande responsabilité, pas uniquement de réaliser une première mondiale mais aussi d’en faire un exemple. La société décidera ce qu’elle veut faire par la suite », explique ainsi He Jiankui, conscient que son expérience va provoquer un petit séisme dans le microcosme scientifique.

Si la plupart des spécialistes interrogés par l’Associated Press ont émis des réserves quant à cette initiative, allant même jusqu’à la condamner, une voix discordante se fait néanmoins entendre sur le sujet, celle du généticien et ingénieur en biologie moléculaire, Georges Church. Ce dernier considère ainsi l’expérience comme « justifiable », dans la mesure où « le sida est une menace majeure et croissante pour la santé publique ».

Quoiqu’il advienne, nul doute que la nouvelle va relancer les débats quant aux enjeux bioéthiques du futur. Demain, c’est déjà maintenant.

Rappelons que de telles expériences sont interdites par la loi, notamment aux États-Unis, en France et en Grande-Bretagne. Les Britanniques avaient néanmoins ouvert la porte - ou la boîte de Pandore, c’est selon - en juillet dernier, après la remise d’un rapport officiel émettant un avis favorable.

Source : Associated Press

Au sujet de l'auteur : Mathieu D'Hondt

Évoluant dans la presse web depuis l’époque où celle-ci n’en était encore qu’à ses balbutiements, Mathieu est un journaliste autodidacte et l’un de nos principaux rédacteurs. Naviguant entre les news généralistes et les contenus plus décalés, sa plume s’efforce d’innover dans la forme sans jamais sacrifier le fond. Au-delà de l’actualité, son travail s’intéresse autant à l’histoire qu’aux questions environnementales et témoigne d’une certaine sensibilité à la cause animale.