À Nantes, « Le Reflet », un restaurant tenu par des personnes atteintes de trisomie 21 cartonne et veut s'exporter à Paris

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Un restaurant ordinaire avec un personnel extraordinaire. C'est le pari de Flore Lelièvre qui a ouvert « Le Reflet », il y a un an à Nantes,  un restaurant qui compte parmi ses employés plusieurs personnes trisomiques. Cette chef d'entreprise aspirait à donner la possibilité aux personnes atteintes de trisomie 21 de travailler, d'évoluer et de mener une vie «normale». Aujourd'hui, elle vise Paris. 

C'est à Nantes que le restaurant a vu le jour. La patronne Flore Lelièvre imaginait ce restaurant alors qu'elle était encore étudiante en architecture, il y a quatre ans. Son idée, elle la doit en particulier à son frère, atteint de trisomie 21. À Ouest France elle confie : « Des gens qu'on ne voit pas, qu'on cache » et de continuer, « vous n'imaginez pas le nombre de regards malveillants ! Ce qui m'énerve le plus, ce sont ces parents qui ne disent rien à leurs enfants qui se moquent ». Alors, à travers ce projet, cette jeune femme de 27 ans a voulu leur ouvrir le champ des possibles.

Dans ce restaurant, tout est adapté au personnel. Et, ouvert depuis, tout semble marcher comme sur des roulettes. Flore Lelièvre, qui s'est confiée à LCI, déclare que pour pouvoir venir y manger, il faut réserver : « Pour dîner un samedi soir, il faut compter un bon mois. C’était ça le gros challenge : après le buzz médiatique, il fallait que les gens reviennent. Et on a une équipe au top, du coup les gens viennent et reviennent parce qu’ils passent un bon moment. »

En plus d'être un restaurant qui propose de la bonne cuisine à en écouter les avis, les employés semblent heureux et ont tous décroché un CDI. Et parce que tout est lié, les employés atteints de trisomie ont pu largement gagner en confiance grâce au relationnel instauré avec les clients : « Être confronté aux clients leur a fait gagner en confiance, ils sont devenus plus assurés, ont gagné en autonomie » assure Flore auprès de LCI. Pour couronner le tout, le restaurant est entré au Guide des tables de Nantes. Son challenge de « devenir un restaurant comme les autres » est réussi, et de loin.

C'est quoi la suite ?

Flore Lelièvre semble déterminer à ne pas laisser ce projet qui a déjà rapporté un chiffre d'affaires de 230 000 euros en seulement un an, au placard et compte bien exporter son concept. Cette fois, elle vise la capitale pour l'ouverture d'un second restaurant. Et, on le sait, Paris est à même d'accueillir ce genre d'initiative, comme le coffee-shop « Joyeux » qui a ouvert ses portes il y a un mois. D'ailleurs, elle confie à LCI qu'elle connaît les fondateurs de « Joyeux » : « Nos projets partent de la même base, mais ils sont totalement différents ; on n’est pas sur le même type de restauration, on est vraiment complémentaires ! ».

Dans le même temps, Flore Lelièvre s'attelle à l'écriture d'un livre « Restaurants extraordinaires » qui a pour but de montrer la face cachée du concept dont elle est l'initiatrice et ainsi montrer que, embaucher des personnes atteintes d'un handicap, est tout à fait possible. Pour que le livre voie le jour, elle a lancé une cagnotte en ligne qui a déjà atteint les 24 000 euros : « Si nous atteignons ensemble les 6000€ supplémentaires (soit 30000€ au total), nous couvrirons la totalité des frais de fabrication des tables sur mesure et des tampons encreurs » écrit-elle sur kisskissbankbank. La cagnotte prend fin dans 9 jours.

Flore Lelièvre est certaine d'une chose : « À chaque fois qu’on a des gens qui viennent au restau et qui ne sont pas sensibilisés au handicap, à chaque fois la rencontre se fait et ils ressortent de là en disant 'oh la la j’ai vraiment vécu un truc'. »

Source : Ouest France

Au sujet de l'auteur : Pauline Masotta

Journaliste