L'anatomie des dinosaures ainsi que leur vie sexuelle se dévoilent à travers cet anus fossilisé

Bouton whatsapp

Focus sur la découverte d’un anus fossilisé, dont l'étude a permis notamment de déterminer comment les dinosaures s'accouplaient.

L’étude des dinosaures réserve parfois des surprises, surtout lorsque l’on s’intéresse de près à leur anatomie.

Certains paléontologues n’hésitent pas en effet à sortir des sentiers battus pour se focaliser sur certains aspects méconnus de la vie des créatures préhistoriques.

Crédit photo : Paleocreations.com

Comment un anus fossilisé peut nous éclairer sur la vie sexuelle des dinosaures ?

Jakob Vinther, professeur à l’université de Bristol en Angleterre, est l’un de ces scientifiques curieux et téméraires, qui n’a pas peur de se confronter aux thèmes les plus profonds, à commencer par le… derrière des dinosaures.

En s’intéressant à un spécimen conservé au Muséum d’histoire naturelle de Senckenberg à Frankfort (Allemagne), ce paléontologue a décidé d’étudier les parties intimes des dinosaures.

Tout est parti d’une simple question !

« Je me demande si quelqu’un a déjà trouvé un cloaque de dinosaure », s’est ainsi questionné l’intéressé en amont de son travail.

Pour rappel, le cloaque est un organe en forme de canal, clos par le sphincter anal, que l’on retrouve chez les oiseaux, les reptiles, mais aussi les amphibiens ou encore certains mammifères. Ce canal est en quelque sorte un organe multifonction utile pour le sexe, la miction, les déjections et la reproduction.

Jakob Vinther et plusieurs de ses collègues ont donc fait le choix d’en étudier la complexité à partir du spécimen de Senckenberg, lequel renferme le seul cloaque de dinosaure connu.

Leurs conclusions ont été consignées dans une étude publiée en 2019 dans la revue scientifique Current Biology.

Jakob Vinther y précise notamment que le cloaque n’est pas « qu’un simple anus » mais plutôt un « couteau suisse des parties postérieures ».

En se basant sur les cloaques d'autres vertébrés terrestres actuels, les auteurs de l’étude ont ainsi réussi à modéliser ce cloaque en 3 dimensions (dernière photo ci-dessous).

Crédit photo : Jakob Vinther, University of Bristol and Bob Nicholls/Paleocreations.com

Crédit photo : Jakob Vinther, University of Bristol and Bob Nicholls/Paleocreations.com

Il faut savoir que le dinosaure étudié était un Psittacosaurus qui aurait vécu il y a environ 120 millions d'années dans l’actuelle province du Liaoning, au nord-est de la Chine. D'une taille semblable à celle d'un labrador, ce dinosaure à la queue hérissée serait un herbivore, parent du tricératops.

Jakob Vinther, assisté de Diane Kelly - spécialiste des organes de reproduction chez les vertébrés - n'a hélas pas réussi à déterminer si le cloaque appartenait à un spécimen mâle ou femelle. 

Cependant, l'étude de cet anus demeure capitale dans la compréhension de l'anatomie des dinosaures car un tel organe n'avait encore jamais été observé. Grâce à ces travaux, on sait désormais que les dinosaures avaient un cloaque très différent de celui que l'on peut retrouver chez les animaux d'aujourd'hui. Selon Jakob Vinther, cet organe est « très unique » de par sa forme. « Cette chose a une structure en forme de V avec une paire de belles lèvres évasées », explique-t-il ainsi. 

Si l'étude n'a pas révélé autant de détails que l'on pouvait espérer, elle a au moins permis de comprendre comment fonctionnait l’accouplement chez les dinosaures. Ainsi, les scientifiques ont maintenant la certitude que l'acte sexuel se faisait par une pénétration alors que l'on pensait jusqu'à présent qu'ils s'accouplaient en se pressant leurs ouvertures cloacales, comme le font par exemple les oiseaux.

Source : Popular Science

Au sujet de l'auteur : Mathieu D'Hondt

Évoluant dans la presse web depuis l’époque où celle-ci n’en était encore qu’à ses balbutiements, Mathieu est un journaliste autodidacte et l’un de nos principaux rédacteurs. Naviguant entre les news généralistes et les contenus plus décalés, sa plume s’efforce d’innover dans la forme sans jamais sacrifier le fond. Au-delà de l’actualité, son travail s’intéresse autant à l’histoire qu’aux questions environnementales et témoigne d’une certaine sensibilité à la cause animale.